mercredi 17 février 2010

La onzième plaie

La Onzième Plaie est le premier roman d'Aurélien Molas, jeune scénariste de 24 ans seulement qui a travaillé avec, entre autre, André Téchiné. Publié chez Albin Michel, son premier roman est un thriller aux mêmes allures que ceux du maître Grangé. Attention, petit génie du polar en vue !

Présentation de l'éditeur :
Dans un Paris survolté, où la violence éclate à chaque carrefour, des équipes de flics sans attaches, en proie à leurs propres démons, s’engagent avec l’énergie du désespoir dans une croisade sans merci.

De la même manière que Michael Koryta, Aurélien Molas démontre malgré son jeune âge une certaine maturité et surtout une maîtrise littéraire.
Tout d'abord, les personnages. Bien fouillés, chacun d'entre eux n'est pas laissé à la légère, aucun n'est vraiment inutile et les principaux jouent leur rôle à la perfection, c'est-à-dire qu'ils sont attachants et plutôt charismatiques.
Ensuite, le style. Le style de l'auteur est parfois coupé, de nombreuses phrases viennent donner du rythme au roman. C'est un style qu'on retrouve bien souvent dans les thrillers. Loin d'un style affectif, l'auteur se démarque néanmoins par le biais d'un langage raffiné.
Et finalement, l'intrigue. Le lecteur est baladé entre diverses enquêtes parallèles sans jamais s'y perdre. Tout a un sens, rien n'est laissé au hasard. Chacune d'entre elle est passionnante et réfléchie.

Un sourire de vengeance, froid et dur comme un coup de poignard.

C'est avec beaucoup de prudence que l'auteur s'attaque au douloureux sujet qu'est la pédophilie. Parfois chamboulé, parfois en colère, on se sent totalement impliqué dans l'histoire. L'auteur arrive à nous rendre spectateur de certaines scènes. Plus que de simples lecteurs, nous nous retrouvons proches des personnages à l'instar des témoins de toute cette horreur. Je pense notamment au chapitre 82 (pour ceux qui ont lu le roman) qui démontre toute l'originalité et l'ingéniosité dont fait preuve l'auteur pour nous impliquer.
L'écriture visuelle utilisée par l'auteur m'a permis de rapprocher ce roman aux films Suicide Club et d'un film récent mexicain dont je n'arrive plus à me souvenir du titre. Mais son œuvre diffère par la qualité, le soin apporté au détail, notamment sur le climat électrique qui règne en France. En effet, l'auteur accroît la tension déjà importante en ajoutant aux enquêtes diverses émeutes révélant le mal-être de toute une société. Des adultes révoltés, des enfants abusés ... plus rien ne tient !

Malgré toutes ces qualités, je regrette que les relations entre les personnages n'aient pas été plus développées. J'en attendais légèrement plus de ce côté, je n'ai pas tout à fait ressenti ce qui liait aussi fortement certains des protagonistes.

Des pédophiles des quatre coins du globe se retrouvaient sur ce site pour faire tourner la planète du vice.

Aurélien Molas signe donc un premier roman totalement maîtrisé sur un sujet pourtant bien difficile à aborder. L'auteur sait prendre son temps pour poser son histoire sans jamais tomber dans le piège de la lenteur, piège fatal pour un thriller. On ne s'ennuie jamais, chacun des nombreux chapitres a son importance et apporte sa dose d'adrénaline. De plus, il arrive avec justesse à toucher le lecteur, à le dégoûter et à le terrifier sans pour autant jouer dans la surenchère. Fort de nombreuses qualités, ce roman s'annonce comme LE polar de ce début d'année 2010.

- Cette enfant avait peur. Plus peur que nous ne l'aurons jamais.

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4 commentaires:

Mic a dit…

Bonjour Mika,

Les éditions Albin Michel ont misé gros sur ce jeune auteur. Les premiers billets sont très positifs, en tout cas, ton commentaire me donne très envie de le lire. La pédophilie est un sujet que je crains particulièrement, mais je vais tout de même, me le procurer. Amitiés, MIC.

Ingrid Barnay a dit…

Bonjour Mika, j'ai lu avec intérêt ta chronique qui rejoint le mien ! ça fait plaisir de partager la même lecture. J'ai également beaucoup apprécié ce livre, à aucun moment l'auteur n'entre dans le voyeurisme.

Au plaisir de te relire ! cordialement

MiKa ... a dit…

Bonjour à vous deux,

@MIC : j'espère que tu apprécieras si tu le lis. Comme le dis Ingrid, l'auteur ne tombe jamais dans le voyeurisme. Pas de violence ou de sexe gratuitement. L'intérêt principal de ce roman est plus concentré, je trouve, sur les personnages et les liens entre eux. J'aurais d'ailleurs aimé que l'auteur prenne plus de temps sur ces liens.

@Ingrid : C'est en effet très sympa d'être plusieurs à lire le même roman en même temps. On peut comparer nos avis à chaud. Je vais de ce pas lire ta chronique sur ton blog !

A bientôt !

Anonyme a dit…

Je n'ai pas lu ce roman mais bravo en tout cas pour ce jeune auteur publié dès le premier roman dans une prestigieuse maison d'édition.
sf
sylvainforge.vox.com