mardi 25 août 2009

Le village aux huit tombes

Le village aux huit tombes est un roman japonais de Seishi Yokomizo. J'ai sélectionné ce roman pour le défi littéraire des 5 continents (section Asie).

Présentation de l'éditeur :
Le village aux huit tombes est une modeste bourgade au cœur des montagnes, abritant les corps de samouraïs assassinés, dans des temps très anciens, par les habitants à la recherche d'un trésor fabuleux. L'arrivée du narrateur coïncide avec une cascade d'assassinats qui plonge rapidement les villageois dans le désarroi et la terreur. Avec l'aide de son ami, le détective Kindaichi, il découvre avec horreur que les crimes se succèdent selon une mécanique diabolique, dont il tente de comprendre les lois avant que la boucle ne soit fermée. Seuls quelques poèmes énigmatiques le guideront dans ce labyrinthe redoutable, tissé par les haines, les soupçons et la peur : Celui qui s'aventure sur le Mont du Trésor du Bouddha sacré S'expose à la terreur de la Mâchoire du Dragon.

Au lendemain d'une seconde guerre mondiale à l'issue catastrophique pour les Japonais, l'histoire dans laquelle nous plonge l'auteur fait ressentir un mélange de peur et de mystère où malédiction rime avec meurtre. Le lecteur se plait à découvrir un univers, et surtout un décor, totalement dépaysant qui va l'emporter dans les sombres dédales d'un petit village. Bien que le paysage exotique soit d'une beauté rarissime, l'humeur ambiante des villageois est plus à la méfiance qu'à la gaieté permanente. En effet, un nouvel arrivant, le narrateur, fait son apparition au sein de leur communauté après plus de vingt ans d'absence. Son départ avait été provoqué par un massacre abominable réalisé par son père alors qu'il n'était qu'un bébé.

Sans les événements que je vais raconter, ma vie aurait suivi son train-train médiocre et besogneux. Un mystère allait empourprer la grisaille routinière. J'allais découvrir un monde d'aventures et d'effroi.

Ce roman est mon premier roman asiatique et comme avec toute découverte, je me suis laissé transporter vers un monde inconnu avec ici un climat quasi surnaturel. Il y a dans le style de l'auteur quelque chose de magique, limite féerique, qui rend ce roman policier très particulier. Le récit est très imagé et bardé de chapitres courts qui rythment sans cesse la lecture de l'ouvrage. Celui-ci devient un roman à énigme lorsque le personnage principal découvre au fur et à mesure le sens caché d'un poème. Plus l'enquête avance, plus les meurtres abondent et plus la liste des suspects augmente.

C'est ainsi que je pénétrai au fond de ces montagnes légendaires et dans cette demeure encore hantée par le souvenir d'un événement sanglant.

Au début, j'avais un peu peur de m'y perdre parmi tous ces noms de personnage, surtout que ce ne sont pas des noms que j'ai l'habitude de voir ou d'entendre, mais finalement il est assez aisé de s'y retrouver car l'auteur présente au fur et à mesure chacun des protagonistes dans des chapitres différents ; un bon moyen donc de rencontrer chaque villageois tout en avançant dans l'histoire. Pour ne pas en dire trop sur l'histoire, je vais conclure en insistant sur l'agréable dépaysement que procure le roman.

Fiche d'identité du roman :

  • Auteur : Seishi YOKOMIZO
  • Titre : Le Village aux Huit Tombes
  • Éditeur : Picquier poche
  • Nombre de pages : 376
  • ISBN : 87730-459-0

Note : 16/20

lundi 17 août 2009

La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette

La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette est le tome 2 de la série Millénium de Stieg Larsson.

Présentation de l'éditeur :
Tandis que Lisbeth Salander coule des journées supposées tranquilles aux Caraïbes, Mikael Blomkvist, réhabilité, victorieux, est prêt à lancer un numéro spécial de Millénium sur un thème brûlant pour des gens haut placés : une sombre histoire de prostituées exportées des pays de l'Est. Mikael aimerait surtout revoir Lisbeth. Il la retrouve sur son chemin, mais pas vraiment comme prévu : un soir, dans une rue de Stockholm, il la voit échapper clé peu à une agression manifestement très planifiée. Enquêter sur clés sujets qui fâchent mafieux et politiciens n'est pas ce qu'on souhaite à clé jeunes journalistes amoureux de la vie. Deux meurtres se succèdent, les victimes enquêtaient pour Millénium. Pire que tout, la police et les médias vont bientôt traquer Lisbeth, coupable toute désignée et qu'on a vite fait de qualifier de tueuse en série au passé psychologique lourdement chargé. Mais qui était cette gamine attachée sur un lit, exposée aux caprices d'un maniaque et qui survivait en rêvant d'un bidon d'essence et d'une allumette ? S'agissait-il d'une des filles des pays de l'Est, y a-t-il une hypothèse plus compliquée encore ? C'est dans cet univers à cent à l'heure que nous embarque Stieg Larsson qui signe avec ce deuxième volume de la trilogie Millénium un thriller au rythme affolant.

Comme lors du précédent tome, le roman tarde à commencer et nous endort avec ses quelques trop nombreuses longueurs (notamment dues aux différents résumés du premier tome). Alors que les seuls passages intrigants de la première moitié du roman ont pour héroïne Lisbeth Salander, Mikael Blomkvist ne semble figurer que dans l'ombre de l'histoire. D'un côté les démons du passé refont surface pour la jeune enquêtrice, de l'autre, Mikael vit paisiblement sa vie de journaliste au sein du mensuel Millénium et prépare la sortie d'un numéro spécial consacré au commerce de jeunes prostitués d'Europe de l'est. Rien n'aurait dû rassembler à nouveau les deux enquêteurs de l'affaire Harriet Vanger et pourtant ... plusieurs crimes commis au sein du journal Millénium vont engendrer des découvertes plus qu'inquiétantes. Seul point commun dans tous ces meurtres : Lisbeth.

Voilà à peu près à quoi ressemble l'économie du viol.

Une fois sorti de sa cachette, Mikael redevient l'investigateur surdoué que l'on avait connu dans le premier tome. Surdoué peut-être, chanceux certainement et à de nombreuses reprises ("Un bol monstre."). Le journaliste n'a rien perdu de son caractère moralisateur et agace à de nombreuses reprises ; ses choix sont parfaits, pour le bien de tous, il a toujours une longueur d'avance sur les autres et tout cela en précisant qu'il n'est pas meilleur qu'un autre etc. etc. ... sortez les violons ! Bien que dans la seconde moitié du roman tout s'accélère, plus d'actions et de mouvements en tout genre, les invraisemblances et les coups de bol se multiplient. De plus, tout le monde (journalistes, flics, agents de sécurité) collabore et même la police a des soupçons quant à l'identité du suspect numéro un que pourtant tout accuse ...

rien dans cette affaire ne semblait normal, simple et sans complication

Sorte de conte de fée du polar, ce second tome de Millénium, je trouve, n'est pas à la hauteur du premier. Toute la force du précédent roman a disparu : le côté huis clos qui offrait une ambiance tendue, et, le côté étrange et mystérieux de la disparition d'Harriet Vanger qui laissait place à de multiples scenarii dans nos esprits. Malgré quelques scènes efficaces, je n'ai pas adhéré au roman.

Note : 11/20

samedi 15 août 2009

Nada

Nada est un roman de Jean-Patrick Manchette.

Présentation de l'éditeur :
Enlever l'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique en plein Paris, quelle idée ! Cela fait désordre et ça complique les relations stratégiques avec le grand-frère, ordonnateur de la paix sur le globe. Et puis, pour faire quoi, en plus ? Changer le monde ? Il en resterait encore, de ces illuminés qui ont assez faim pour avoir des rêves ? Danger, danger ... Car, comme le dit un gendarme ayant participé au massacre final, "tendre la joue c'est bien joli", mais que faire quand on a en face de soi "des gens qui veulent tout détruire" ?

Ce qui est remarquable dans l'écriture de Manchette, c'est qu'il sait parfaitement décrire des scènes d'action. Une autre de ses particularités est de savoir mélanger critique sociale et polar sans en faire trop. Certains passages parlent tellement d'eux-mêmes qu'il est inutile d'en rajouter. Dans Nada, c'est l'État et ses diverses manipulations qui sont placés sur le banc des accusés. En effet, le ministre de l'Intérieur représenté comme un homme à poigne est prêt à tout pour mettre fin au scandale qui vient de frapper la France ; l'enlèvement de l'ambassadeur des Etats-Unis. Pour cela, la police va devoir enquêter sans relâche et user de tous ses moyens pour parvenir à ses fins.

- Visez les jambes ! cria l'officier de gendarmerie.
- Visez n'importe où ! hurla Goémond.

Le roman relate l'histoire de A à Z du groupe "Nada", groupe révolutionnaire, de sa création à sa perte. Formé de truands parfois amateurs, parfois ayant un passé terroriste bien rempli, le groupe gauchiste semble justement un peu trop gauche pour réaliser un enlèvement de cette ampleur (on peut remarquer d'ailleurs quelques similitudes avec le film Action Mutante de Alex de la Iglesia). Ce n'est pas plus mal car les personnages sont représentés comme des hommes de tous les jours, qui pourraient être proches de nous, et on s'engage assez facilement dans l'histoire avec eux.

Cash se trompait, cela n'irait pas mieux demain. Demain, ils seraient morts.

Nada est sans aucun doute une œuvre majeure pour l'écrivain, non pas que le roman soit son plus original, il est par contre, d'après ce que j'ai pu lire à droite et à gauche, le plus engagé de tous. Pourtant assez court, l'histoire est largement complète. On y retrouve toutes les informations nécessaires pour imager les scènes et le travail réalisé sur les personnages est excellent : leur peur, angoisse, attitude ... Tout est traité à la perfection dans ce polar sanglant et tristement humain.

Note : 18/20