mercredi 30 septembre 2009

Rainbow pour Rimbaud


Rainbow pour Rimbaud est le premier tome de la trilogie sur le poètes de Jean Teulé (dont Je, François Villon en fait partie).

Présentation de l'éditeur :
On n'est pas sérieux quand on a 36 ans, une queue de cheval rouge, une taille de géant et une armoire pour couche de prédilection. Robert vit à Charleville-Mézières, chez ses parents. Comme d'autres connaissent toutes les paroles de leur chanteur préféré, Robert sait tout Rimbaud. Par cœur.
Isabelle, standardiste à la SNCF, ne sait encore rien de Rimbaud, rien de l'amour, ni rien du monde. Un doux colosse nommé Robert, échappé de Charleville, les lui révélera.
Entre Le Caire, l'île Maurice, Dakar et Tarrafal, ces deux-là brûleront d'amour et de poésie. Vagabonds célestes, amants absolus, ils laissent à jamais sur le sable et sur les âmes la trace de leurs semelles de vent. Enfin, leur odyssée sublime confirmera le mot du poète, tatoué sous le nez même de Robert : "Je est un autre"… "Je" est Rimbaud.

Contrairement au roman Je, François Villon, l'auteur n'a pas choisi de retracer directement l'histoire du poète mais a préféré utiliser un personnage féru d'Arthur Rimbaud pour marcher sur ses pas. Ceci associé à beaucoup d'humour, le roman en devient totalement décalé ; on ne sait plus si l'on est dans un asile ou réellement dans la vraie vie. Robert est un enfant de 36 ans vivant toujours chez ses parents et qui a pour lit une armoire qu'il nomme son bateau. Depuis toujours Arthur Rimbaud est son idole. Au fil du temps, il devient même pour lui une obsession telle qu'il perd ou confond son identité avec celle du poète. Il est Rimbaud, il est Arthur. Il vit chacun des vers de ses poèmes, il régit sa vie selon les mots du poète et devient aveugle au monde réel.

- Quand je pense qu'il y a un tas de parents qui ont été emmerdés parce que leurs enfants ne voulaient pas apprendre leurs récitations ! nous, c'est le contraire.

Robert a rencontré Isabelle d'une manière très étrange. Dès le début, leur passion grandissante est un mélange d'originalité et d'apports affectifs. En effet, chacun retrouve entre l'autre ce qui lui manquait dans sa vie. Isabelle part à l'aventure et fuit sa misérable vie parisienne, tandis que Robert a trouvé la perle qui l'aime à sa juste valeur. Nous assistons alors à un voyage énigmatique où les deux compères vont d'aventure en aventure sans se préoccuper du lendemain. Mais toujours obnubilé par son idole et ses bateaux, il va revivre chacune des vagues déprimantes du bateau ivre de Rimbaud.

Je m'appelle Moufid. En français, ça veut dire : utile. En américain, ça doit vouloir dire : nuisible.

Avec ses chapitres courts et ses quelques 200 pages, le roman se lit très rapidement. L'histoire fuse et ne laisse pas de place à l'ennui. Aussi, certains passages sont racontés par des personnages totalement secondaires au récit mais qui témoignent de la présence de Robert et Isabelle dans certains lieux du monde. Avec cette légère astuce, l'auteur donne de l'importance à ses personnages et accroit le problème d'identification entre le poète et son élève. Encore un bon roman de Teulé !

Note : 15/20

dimanche 27 septembre 2009

L'indic n°3


Cet été est apparu le troisième numéro de L'indic, magazine spécialisé dans le polar et créé par l'association Fondu au noir. Avec ce numéro, les différents contributeurs confirment tout le potentiel que l'on avait déjà pu apercevoir dans les deux numéros précédents. Pourvu de rédacteurs créatifs et talentueux, ce journal s'adresse à la fois aux curieux, aux passionnés de littérature policière et aux amateurs qui souhaitent découvrir petit à petit le monde du noir. Les dossiers servis dans ce numéro sont toujours aussi riches en information et en originalité.

Au programme : des interviews de traducteurs français, un dossier complet spécial "Polar & Alcool", des conseils de lecture, un poème, une nouvelle ...

Ne passez pas à côté de ce "Noir Magazine" !

samedi 26 septembre 2009

Shutter Island (version BD)


A quelques mois de la sortie de l'adaptation cinématographique, par Martin Scorsese, du roman Shutter Island de Dennis Lehane, j'ai décidé de me replonger dans l'univers glauque de l'île pour éviter de trop m'impatienter. En effet, la date de sortie au cinéma ayant déjà été repoussée, elle est à présent fixée au 24 Février 2010. Cette adaptation au format bande dessinée est signée Christian de Metter.

Présentation de l'éditeur :
Envoyés en mission dans un hôpital psychiatrique sur une île au large de Boston, deux policiers découvrent un univers inquiétant où le secret règne en maître. La tempête qui les empêche de repartir ne fera qu’accroître leur malaise… Adapté d’un roman de Dennis Lehane, auteur majeur du roman noir américain contemporain, "Shutter Island" est un huis clos oppressant servi à merveille par le graphisme pictural de Christian De Metter et sa maîtrise du clair-obscur.

Malgré l'amputation de quelques passages semblant pourtant cruciaux, De Metter a réussi le pari fou de retranscrire le roman noir et puissant de Dennis Lehane. Son coup de crayon dépeint à la perfection l'ambiance régnante sur l'île mystérieuse. Île abritant un hôpital psychiatrique pour malades mentaux violents. Difficile était donc l'enjeu de De Metter de représenter les différentes facettes des personnages. Des visages fous, sérieux, étonnés, hilares ... toutes les mimiques propres à l'homme y passent. Les couleurs sombres et le jeu de lumières sont utilisés à la perfection dans le but de traduire l'atmosphère de plus en plus tendue au fil des pages. Une bande dessinée donc très réussie, à découvrir !

Ça tourne en boucle comme la Lune autour de la Terre.

Un petit extrait ci-dessous pour vous donner envie :


jeudi 17 septembre 2009

La lignée


La lignée est un roman du célèbre cinéaste Guillermo Del Toro en collaboration avec l'écrivain américain Chuck Hogan. Je continue sur le fantastique avec l'arrivée de ce premier opus d'une nouvelle trilogie sur les vampires.

Présentation de l'éditeur :
Depuis son atterrissage à l'aéroport JFK à New York, un avion en provenance de Berlin ne répond plus à la tour de contrôle. Le spectacle qu'Ephraïm et son équipe d'épidémiologistes découvrent à bord a de quoi glacer le sang : tous les passagers sauf quatre sont morts, en apparence paisiblement. Ont-ils été victimes d'un attentat au gaz ? D'une bactérie foudroyante ? Lorsque, le soir même, deux cents cadavres disparaissent des morgues de la ville, Ephraïm comprend qu'une menace sans précédent plane sur New York. Lui et un petit groupe décident de s'organiser. Pas seulement pour sauver leurs proches. C'est la survie de l'humanité entière qui est en jeu... 
La Lignée est le premier tome d'une trilogie sur les vampires écrite par le génie du cinéma fantastique Guillermo Del Toro. A seulement quarante-quatre ans, le réalisateur a signé des films aussi différents que Hellboy ou Blade 2 et Le Labyrinthe de Pan, récompensé par trois oscars. Chuck Hogan a quant à lui publié plusieurs thrillers salués par Stephen King, dont Face à face (Albin Michel, 1997) et Le Prince des braqueurs (Seuil, 2007).

Depuis longtemps le mythe du vampire fascine et apeure les populations. Encore aujourd'hui, ces anciennes légendes perturbent et stimulent l'imagination de nombreux artistes. Après la glorieuse tétralogie de Stephenie Meyer (Twilight) exposant un style de vampires humanisés, c'est au tour du réalisateur Del Toro d'y mettre sa patte. Après son premier coup d'essai vampirique avec le film Blade 2, le réalisateur mexicain, associé à l'écrivain Chuck Hogan, a décidé de continuer dans la voie du vampire en tant que monstre. Loin d'être un charmeur habitant dans un grand et somptueux château, ces Dracula aux allures de mort-vivant préfèrent nicher dans des trous discrets et surtout protégés de la lumière du soleil. Alors que le célèbre Dracula séduisait ses victimes, cette nouvelle race de vampires semble beaucoup plus gourmande et se jette abondamment sur la nourriture ... les humains ("Je suis le buveur d'hommes"). Projection et profusion de sang assurées ...

La Lune morte passant au-dessus de la Terre vivante.

La Lignée est un roman au style très proche du cinéma ; les scènes sont imagées au possible et tout est fait pour surprendre le lecteur. Dans la première partie, la tension monte progressivement et la peur s'implante dans notre corps afin de laisser finalement place à la panique la plus totale dans la seconde moitié de l'ouvrage. Les auteurs jouent avec notre peur de l'inconnu présenté ici comme une chose incontrôlable qui s'installe dans l'ombre de nos vies sans que nous sachions quoi faire pour se battre ou l'éviter. Le vampire est décrit comme une sorte d'épidémie en quelque sorte. Bien que la comparaison avec Blade 2 soit inévitable (la scène finale du film par exemple), j'ai senti de nombreuses autres références dont notamment Je suis une légende (pour quelques séquences de duel sombres et stressantes) et L'échiquier du mal (pour son vieux personnage terrassé par son passé dans les camps de concentration). Allusions littéraires intéressantes mais le roman s'approprie une identité originale en utilisant des phénomènes plus ou moins d'actualité ; comme la propagation d'un virus (H1N1) et l'attentat des deux tours jumelles de New York (aussi bien les ruines que la peur vécue par des millions de personnes hypnotisées par leurs téléviseurs lors de l'évènement).

L'homme tuait ses semblables, mais il pouvait aussi les secourir. Il était à la fois son salut et sa perte.

Malgré toute cette excitation rencontrée durant la lecture, il faut avouer que le style utilisé est assez pauvre, l'accent a été mis de préférence sur la peur. Et de ce côté, le pari est totalement réussi puisque le roman s'avoue être riche en horreur. Un second reproche, l'ouvrage aurait gagné à être relu et corrigé encore une fois car de nombreuses erreurs (fautes de frappes notamment) ont réussi à outrepasser la vigilance de la maison d'édition. Un bon premier roman prometteur, j'attends la suite avec impatience.

Note : 16/20

dimanche 6 septembre 2009

L'échiquier du mal

Pour mon 100ème billet sur ce blog, j'ai choisi de chroniquer le célèbre et corpulent roman fantastique L'échiquier du mal de Dan Simmons.

Présentation de l'éditeur :
Ils ont le talent. Ils ont la capacité de pénétrer mentalement dans notre esprit pour nous transformer en marionnettes au service de leurs perversions et de leur appétit de pouvoir. Ils tirent les ficelles de l'Histoire. Sans eux le nazisme n'aurait peut-être pas été cette monstruosité dont nous avons du mal à nous remettre, Lee Harvey Osvarald n'aurait peut-être pas été abattu par jack Ruby, John Lennon n'aurait pas été assassiné devant chez lui, les fanatismes de tous ordres ne se réveilleraient pas de façon aussi systématique et nombre de flambées de violence, tueries, accidents inexpliqués, n'auraient peut-être pas ensanglanté notre époque. Car ils se livrent aussi entre eux, par " pions " interposés, à une guerre sans merci. A qui appartiendra l'omnipotence ? Sans doute à celui qui aura le plus soif de pouvoir. 

 L'échiquier du mal est clairement un roman fantastique. Bien que le volume (environ 1000 pages pour cette édition) puisse en faire fuir plus d'un, le roman est impressionnant de vitalité. Pas de temps mort pour le lecteur, si vous avez décidé de commencer la lecture, l'auteur va prendre un malin plaisir à se jouer de vous du début jusqu'à la fin. Dès les premières pages le ton est donné, vous allez pénétrer sur une véritable grille de jeu où chacun des pions peut capturer un pion de la partie adverse. Chaque chapitre va vous déplacer vers une nouvelle case qui change totalement la donne. D'un côté les blancs (le bien ?) avec Saul Laski, juif polonais ayant connu les camps de concentration, Natalie, une jeune photographe désirant venger la mort de son père, et Rob Gentry, un shérif mêlé malgré lui à toute l'histoire. De l'autre côté est placée l'équipe des noirs ( le mal ?) avec l'ex Nazi Willi et ses deux amies Miss Fuller et Miss Drayton. La partie aurait pu être simple si seulement un troisième groupe ne s'était pas intéressé au jeu ...

je me demande s'il existe d'autres personnes douées du Talent ou si la boucherie n'est pas tout simplement devenue un nouvel art de vivre

Pour Willi et ses deux Miss, faire le mal est un jeu où l'on compte des points. Alors lorsque survivent certaines proies, il est inévitable que celles-ci désirent se venger. Et c'est le cas de Saul Laski qui a rencontré Willi plusieurs dizaines d'années auparavant, lors d'une partie d'échec très spéciale ... à l'échelle humaine, s'il fallait préciser. Cette séquence donnera lieu à l'une des scènes les plus terrifiantes de l'ouvrage. Le lecteur se met à la place des pions, stresse de ne pas tomber face à un adversaire et finalement vit entièrement la peur et l'agonie de chacune des victimes. Des scènes atroces il en existe d'autres, aussi bien dans les camps de concentration qu'à notre époque dans l'épisode de Mansard House où certains pions de l'équipe du mal ont décidé de faire cavalier seul. Ce qui se termine alors en un combat mental, sanglant et sans merci entre divers vampires psychiques doués d'Utilisation sur n'importe être humain.

On nous a ordonné de prendre place sur les cases. [...] Je me trouvais à trois mètres du trône de l'Oberst, face au Juif lituanien terrorisé qui était le pion du fou du roi noir.

Le fameux Talent décrit dans ce roman semble servir d'excuse pour dénoncer certaines violences extrêmes (comme la Shoah par exemple) commises tous les jours dans le monde. L'auteur parait dire qu'il est inimaginable qu'une telle haine puisse exister ; seuls des vampires ou des monstres peuvent provoquer de tels actes. Au delà de ce message, le lecteur a affaire à un livre très complet mélangeant parfaitement le fantastique à l'action, il subit d'ailleurs à maintes reprises plusieurs traques à travers le monde. Avec L'échiquier du mal, Simmons revisite le mythe du vampire mais lui donne un tout autre sens. Ils sont humains mais sont dotés d'un étrange pouvoir leur permettant de contrôler les gens comme des marionnettes. Un conte effrayant, un aller simple vers l'enfer ... ou tout simplement un coup de maître.

Note : 18/20

mercredi 2 septembre 2009

Pars vite et reviens tard

Pars vite et reviens tard est un roman de Fred Vargas. Primé à de multiples reprises (Grand Prix des lectrices de Elle 2002, Prix des libraires 2002 ...), ce roman a été un peu comme l'élément déclencheur du succès de l'auteure. Cette réussite a d'ailleurs engendré un film sorti en 2007 au cinéma avec José Garcia dans le rôle principal.

Présentation de l'éditeur :
Qui glisse des annonces incompréhensibles dans la boîte à messages du Crieur de la place Edgar- Quinet ? Est-ce l’œuvre d’un fou ? D’un maniaque ? Ou encore d’un pervers impuissant qui cherche à établir son pouvoir en enfonçant l’homme de la rue dans son inculture crasse ? Un retraité lettré, “conseiller en choses de la vie”, et le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg trouvent ces messages souterrains, putrides et dangereux. Et pour cause. Ce sont des annonces de mort, de destruction générale, de catastrophe : elles annoncent la peste. Lorsque d’étranges signes tracés à la peinture noire font leur apparition sur des portes d’appartements, le dispositif est en place. Le cauchemar peut commencer. Personnages sortis de nulle part, intrigue passionnante, dialogues jubilatoires… Auteure inspirée, Fred Vargas ne se rattache décidément à aucun courant et détourne avec brio les conventions du genre.

Dans ce roman, Fred Vargas utilise tous les ingrédients pour réaliser un parfait roman policier : une intrigue qui s'avère très originale au départ, de la documentation détaillée, des personnages aux charmes différents, de multiples suspects, des meurtres inquiétants, quelques récits et dialogues déjantés, et surtout, de la réflexion : qui, pourquoi, comment ... Avec tout cela, l'auteure arrive aisément et intelligemment à saisir son lecteur pour ne presque jamais le lâcher.

Les mots ont toujours tué

A l'aube d'une (presque) nouvelle épidémie mondiale dont on nous parle sans arrêt dans les médias et bien qu'il ait été écrit en 2001, le roman devient un fait divers, certes fictif, mais assurément à jour. Et Vargas maitrise parfaitement la montée de panique, due aux médias, qui assaille les français. La panique s'installe et les policiers sont vite dépassés ("On ne sait plus où donner de la tête.") ce qui arrange bien entendu le mystérieux responsable de cette affolement.

Qui sème l'audience récolte la panique.

En plus de toute l'originalité et du suspense apportés au récit, l'écriture de Vargas s'avère être claire et précise ; elle raconte son histoire sans en faire trop et ses dialogues sonnent justes. Un petit bémol de ma part par contre, j'ai trouvé les personnages un peu trop gentils, voire même légèrement niais. Ils sont à mille lieux des 'purs et durs' de roman noir par exemple. Malgré cela, le bilan est plus que positif et je vous invite bien entendu, si ce n'est pas déjà fait, à lire Pars vite et reviens tard ; un grand coup de maître.

Note : 16/20