dimanche 21 février 2010

Un singe en Isère

Un singe en Isère est le nouvel épisode de la série Le Poulpe inaugurée par Jean-Bernard Pouy. C'est Marin Ledun qui se lance dans cette nouvelle aventure, la 264ème de la saga qui a vu de nombreux et talentueux auteurs y participer : Pouy, Daeninckx, Malte, Prudon, Mesplede, et plus récemment, Caryl Férey. Une panoplie d'auteurs pour un personnage pas vraiment hors du commun puisqu'il reflète à lui tout seul une bonne partie des problèmes de la société.

Présentation de l'éditeur :
Qu’est devenue Mathilde, une jeune SDF que son amie Judith cherche partout depuis une semaine ? Que s’est-il passé pour que José, le fils unique d’un vieux copain du Poulpe, se retrouve accusé du meurtre de Judith ? Quel rapport y a-t-il avec la construction du stade de foot en plein cœur de Grenoble ? Et avec les « éco-citoyens » installés dans les arbres du parc Paul Mistral pour empêcher qu’ils soient abattus ? Ce qui est sûr néanmoins, c’est que tant que le Poulpe veillera, il n’y aura pas de répit pour la canaille.

Même exercice que pour la série Mona Cabriole, Le Poulpe demande à l'auteur de s'imprégner d'un personnage déjà existant et de le jeter sans le moindre remord dans une nouvelle aventure dans laquelle vont pleuvoir de nombreux coups de poings et coups de gueule. Marin Ledun retrouve la particularité du roman court et semble s'y adapter une nouvelle fois sans le moindre problème.

Comme pour son premier roman, Modus Operandi, le décor de l'histoire se situe à Grenoble, chef-lieu du département de l'Isère. Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, accepte l'invitation de ses amis de passer noël en leur compagnie. Mais dès qu'il arrive à bon port, rien ne se passe comme prévu. Le plan des trois copains est chamboulé par le meurtre de Judith dont est accusé José, le fils de l'un d'entre eux. Ne reculant devant rien et voulant aider son vieil ami, le Poulpe rendosse son costume de détective et se lance dans une enquête où tout le monde n'en ressortira pas indemne.

Malgré l'invention des restos du cœur, de la tente Quechua et de l'hygiène publique, la vie est dure.

Simple coïncidence ou non, pendant ce temps, à Grenoble, des éco-citoyens ont élu domicile dans les arbres du parc Mistral pour empêcher la construction d'un nouveau stade de football au dépend de la végétation. Par le biais de ce texte, l'auteur montre son engagement et son soutien envers ces protecteurs de la nature puisque ces personnages ont réellement existé (voir les photos*). Marin Ledun plonge donc son personnage, et son lecteur, dans un complot à l'échelle réelle, humaine, lui permettant d'établir une sorte de pamphlet contre cette société de consommation sous forme de fiction. Une société bien réelle et une fiction qui se rejoignent dans les moyens utilisés pour servir leurs propres intérêts.

J'ai découvert par le biais de cet épisode ce fabuleux personnage qu'est le Poulpe aux méthodes peu orthodoxes pour arriver à ses fins. Dans ce court et vif roman, j'ai beaucoup apprécié ce personnage mais aussi les relations qu'il entretient avec les autres. Il donne l'impression de se foutre comment tourne le monde mais n'en est pas moins sensible aux conséquences, surtout lorsque l'un de ses amis se retrouve dans la galère.
Finalement, l'intérêt principal du roman ne réside pas dans la vérité (qui est le meurtrier) mais plutôt dans le cheminement de l'enquête et le style narratif de Marin Ledun qui nous implique directement dans cette affaire et qui, comme son personnage principal, fait de nous un spectateur (ou témoin comme l'indique la quatrième de couverture) d'une société qui souffre.



*Les deux photos appartiennent au site : Les Arbres Vénérables.

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