vendredi 30 juillet 2010

Le visage de Dieu

Le visage de Dieu est un livre des frères Bogdanov.

Présentation de l'éditeur :
Le « visage de Dieu » ? C’est l’expression qu’utilisa l’astrophysicien Georges Smoot (prix Nobel 2006) lorsque le 23 avril 1992, il réussit, grâce au satellite COBE, à prendre des photos de la naissance de l’univers tel qu’il émergeait des ténèbres cosmiques tout juste 380 000 ans après le Big Bang. Depuis, cette expression a fait le tour du monde, déclenché la fureur des scientifiques, et bouleversé les croyants. Mais, par delà ces quelques mots, quel est le fabuleux secret qui se cache derrière le « bébé univers » ? Pourquoi Smoot y a-t-il vu le « Visage de Dieu » ? Ce livre – nourri des formidable attentes suscitées par le nouveau satellite Planck lancé le 14 mai 2009 – s’approche, comme jamais, de ce mystère suprême : l’instant même de la Création. Trois des héros de cette fantastique aventure – Jim Peebles (prix Craaford d’Astronomie 2005), Robert W. Wilson (Prix Nobel 1978) et John Matters (Prix Nobel 2006) – ont postfacé cet ouvrage au fil duquel on s’avisera que la science, parfois, se confond avec la plus haute spiritualité.

Que nous inspirent les noms de Bogdanov sur une couverture ? Livre sur-médiatisé, arnaque scientifique ou profusion de postulats ennuyeux ? Avec Le visage de Dieu, les deux frères sortent de toutes ces fausses idées que l'on pourrait se faire d'eux. Passionnant, celui-ci nous entraîne vers le commencement de tout ; la création de l'univers. Fort de nombreuses références scientifiques pour appuyer leur réflexion, le texte reste tout de même très abordable pour toute sorte de public. Que vous soyez physicien dans l'âme ou non, il est donc très simple de suivre le raisonnement des auteurs. Et bien que la fin de l'ouvrage soit plus complexe, les frères Bogdanov ne manquent pas d'imagination et d'exemples pour réduire leurs analyses à notre échelle.

L'ouvrage se lit assez vite, le style est simple et les divers chapitres sont bien structurés. Les diverses notes historiques sont captivantes et démontrent que tout est possible pour chacun d'entre nous  de faire des découvertes stupéfiantes à condition d'être passionné et/ou d'avoir beaucoup de chance ... Les plus curieux noteront néanmoins que les auteurs aiment souvent prendre le parti de théories sans vraiment expliquer pourquoi. On reste également frustré à la fin du roman puisque certaines de nos questions sont restées sans réponse. Mais on ne va non plus demander aux auteurs, bien qu'ils aient une imagination débordante, de nous raconter n'importe quoi.

L'ouvrage offre donc un très bon moment de détente et de savoir entre deux romans. Je le conseille à tous les curieux de cosmologie.

mardi 27 juillet 2010

Seul le silence

Seul le silence est le premier roman traduit en français de l'écrivain britannique RJ Ellory.

Présentation de l'éditeur :
Joseph a douze ans lorsqu’il découvre dans son village de Géorgie le corps d’une fillette assassinée. Une des premières victimes d’une longue série de crimes.
Des années plus tard, alors que l’affaire semble enfin élucidée, Joseph s’installe à New York. Mais, de nouveau, les meurtres d’enfants se multiplient…
Pour exorciser ses démons, Joseph part à la recherche de ce tueur qui le hante.
Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, R. J. Ellory évoque autant William Styron que Truman Capote, par la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu’il met en jeu.

Le monde restreint des grands maîtres du polar peut désormais se préparer à accueillir un tout nouvel auteur en la personne de Roger Jon Ellory. Pourvu d'un talent rare, cet auteur britannique sait jouer comme peu d'auteurs savent le faire avec les émotions. Préparez-vous à sentir votre cœur se serrer, à ressentir de vives palpitations et à passer du rire aux pleurs aussi rapidement que change le temps écossais. Pour faire court, c'est une montagne de sentiments que nous fait gravir l'auteur en usant d'un style remarquablement juste. Les qualités littéraires ne manquent donc pas mais qu'en est-il du récit ?

Ce n'était pas de la ville, ni du comté ni même de la Géorgie que je pensais pouvoir me séparer en voyageant suffisamment loin, mais de moi-même.

Toute la vie de Joseph semble maudite. Depuis son enfance marquée par le décès de son père, l'ombre de la Mort paraît surgir à chaque coin de rue pour prendre à Joseph les personnes qui lui sont proches. Toute l'évolution de la vie du héros tourne autour du trépas. Les chemins de son enfance, de son passage à la vie d'adulte et même de son changement de vie sont parsemés des macchabées laissés dans d'atroces états.
Les références bibliques ne manquent pas et indiquent dès le départ que Joseph, par son prénom, tient le nom de l'homme de la maison. La mère, quant à elle, se prénomme Mary et semble indiquer à son fils le chemin qu'il doit suivre. Joseph a beaucoup de poids à supporter sur ses épaules et comme si tout cela ne suffisait pas, il décide de fonder le groupe des Anges Gardiens avec ses amis dans le but de protéger les fillettes du village face au tueur en série pédophile et sanguinaire.

Dieu sait combien de millions de vies avaient été perdues, parmi lesquelles des centaines de milliers d'Américains, à l'autre bout du monde, et pourtant la guerre semblait insignifiante comparées à ces meurtres. Ils se déroulaient chez eux, c'était une affaire personnelle, une invasion totalement différente.

En plus d'être un talentueux écrivain, RJ Ellory est également un merveilleux conteur qui a su m'emporter du début à la fin dans son histoire. Les dialogues sonnent parfaitement, les personnages sont attachants et le récit est riche humainement. Un mélange parfait donc pour une histoire à la fois enchanteresse et terrifiante. Sur ce dernier point, l'auteur est impressionnant car il arrive à nous effrayer sans faire dans la surenchère.
Seul le silence est une splendide fresque sur la nature humaine peignée à coups de frissons divers. Et c'est également l'un des plus beaux romans que j'ai lus cette année.

samedi 17 juillet 2010

Dexter dans de beaux draps

Dexter dans de beaux draps est le quatrième épisode du célèbre tueur en série Dexter Morgan, également héros du petit écran.

Présentation de l'éditeur :
Après une lune de miel à Paris étonnamment réjouissante, Dexter, marié, commence à s’encroûter. Mais la découverte d’un premier corps joliment posé dans un transat sur la plage réveille son besoin de faire justice... à sa manière. Il apprend bientôt qu’un artiste sadique dispose ses œuvres macabres aux quatre coins de la ville de Miami. De plus, sa sœur Deborah, chargée de l’enquête, est poignardée par un de ses suspects. Pas d’hésitation : il le retrouve et, convaincu de tenir son artiste délirant, l’élimine. De façon atroce, comme d’habitude !
Problème : quelqu’un l’a filmé et a mis sa vengeance en ligne, sur YouTube.

C'est toujours un plaisir de retrouver notre tueur en série préféré confronté à de nouveaux ennemis presqu'aussi insensibles et cruels que lui envers ses victimes. Bien que l'humour si spécifique au personnage soit toujours au rendez-vous, le roman est sans conteste le plus mauvais épisode de la série. Et de loin. En effet, le manque de suspense et d'originalité se fait cruellement ressentir et l'auteur n'arrive pas à se sortir de sa trame de départ pourtant intéressante : Dexter filmé et visible sur Youtube alors qu'il commet un nouveau meurtre.

Oh, maman, qui est ce grand et séduisant monsieur avec sa scie ensanglantée ? Mais enfin, c'est Dexter Morgan, mon chéri, l'horrible assassin

Quand l'art rencontre le meurtre, Dexter, lui, rencontre un adversaire bien plus étrange que tous les précédents. Véritable sadique sanguinaire, l'artiste-meurtrier met en scène une œuvre composée de morceaux de cadavres et d'images chocs. Une sorte de virtuosité qui aurait pu plaire à Dexter si le tueur ne s'en prenait pas à sa famille.
Hormis Dexter, les personnages sont assez creux et peu travaillés. Le style de l'auteur est simple et peu convaincant. La série s'essouffle donc à chaque nouveau tome pour n'apparaître finalement que comme l'ombre de la série télévisée du même nom.
Une grosse déception donc pour ce nouvel opus !

mardi 13 juillet 2010

Blockbuster

Blockbuster est un thriller de Pierre Frot et Claudine Jouannelle. Sorti en mai 2008 en grand format, le roman se voit bénéficier d'une sortie au format poche au mois dernier.

Présentation de l'éditeur :
Quel est le lien entre un étudiant parisien en médecine, un biostatisticien munichois, un retraité londonien et un proxénète hollandais ? A priori, aucun. À un détail près : tous sont décédés après avoir ingurgité un médicament contre les pannes d’érection. Banals accidents, effets secondaires ou meurtres déguisés ?
C’est ce que Clara, étudiante en médecine et victime collatérale, aidée par un ami journaliste, est bien décidée à découvrir. Pendant que l’une s’infiltre dans le laboratoire qui développe le médicament, l’autre réussit à pénétrer la secte fondamentaliste soupçonnée d’être mêlée à ces décès.
Guerres économiques, espionnage industriel, stratégies implacables, intrigues et manipulations : l’industrie pharmaceutique est tout sauf un monde tranquille… 

C'est en fins connaisseurs que se posent les deux auteurs puisque chacun d'entre eux connaît une carrière dans le milieu médical. C'est donc très logiquement que la trame principale est issue de ce même milieu. Et plus précisément de l'industrie pharmaceutique. Comme chacun le sait, l'industrie pharmaceutique est un secteur économique très important, il est donc évident que tout ne se passe pas à la perfection dans un domaine où l'argent semble prendre le dessus sur la santé. C'est à partir de ce constat que va se construire le récit de Blockbuster.

Le texte est riche sans vouloir donner trop de détails. Le lecteur peut donc se laisser porter par le rythme du récit sans s'inquiéter. Malheureusement plusieurs scènes semblent être de trop et finissent par agacer. Inversement, certaines séquences d'actions auraient gagner à être plus étoffées. De même certaines pistes intéressantes ne sont pas poursuivies alors qu'elles auraient pu être plus captivantes que celles retenues. Les choix réalisés par les auteurs ne sont pas forcément les meilleurs choix possibles à mon goût, à l'image des nombreux personnages dont on ne prend pas toujours le temps de les apprécier. Le personnage de Lester, par exemple, aurait pu être attachant si certains chapitres s'étaient un peu plus intéressés à son histoire.

Les auteurs ont utilisé trop de clichés du genre et finissent donc par rendre leur roman totalement transparent dans le monde du thriller. Le récit manque cruellement d'originalité malgré quelques pistes passionnantes. Néanmoins la lecture n'est pas désagréable mais elle se laissera vite noyer dans les vagues du vaste océan littéraire.

vendredi 9 juillet 2010

Echo

Echo est un roman d'Ingrid Desjours. La version poche chez Pocket est sortie le mois dernier. L'occasion pour ceux qui, comme moi, ne l'ont pas lu avant de ne pas passer à côté de ce petit bijou du thriller.

Présentation de l'éditeur :
Ils étaient beaux, riches et pervers. Leur émission pulvérisait l'audimat ; les invités en sortaient humiliés, insultés, blacklistés. Petite lucarne et jeux du cirque... Aujourd'hui, les Frères Vaillant ne sont plus. Et la scène de crime n'est pas belle à voir.
En arrivant sur les lieux, le commandant Vivier constate l'horreur des mutilations. Les deux pantins semblent figés en un tableau grotesque, d'un effroyable sadisme. Et l'avis de Garance Hermosa, sexo-criminologue au profil incendiaire, confirme ce premier diagnostic. Certes, les jumeaux ne manquaient pas d'ennemis, mais ce degré de violence rituelle laisse deviner un véritable monstre... Pour le démasquer, le flic et l'experte devront se voir en son miroir sans entrer dans son jeu. Car le crime, comme l'écho, se répète...

En partant d'une trame qui paraît être assez classique, l'auteure réussit à semer le doute et surtout le trouble dans l'esprit du lecteur. Finalement loin d'être ordinaire, l'histoire se révèle totalement efficace et inattendue. Ingrid Desjours a choisi de diviser son roman en deux récits dont un qui ne donne aucune indication de temps. C'est sur cette astuce de style que l'auteure va permettre au lecteur de s'interroger sur la raison des meurtres et, bien entendu, sur l'identité de l'assassin. 

Il y a des signes qui, lorsqu'on sait les reconnaître, ne trompent pas.

Proche d'une torture mentale mais loin d'être sanglant et surtout gratuit, le roman dénonce et explique certains comportements incestueux avec beaucoup de professionnalisme. Le récit est cinglant de vérité et en devient à chaque chapitre un peu plus dur à supporter.
De l'autre côté de l'histoire, on est plongé dans une enquête policière tout à fait crédible dans laquelle les personnages paraissent complets d'un point de vue psychologique. Les relations entre eux sont traités efficacement et à aucun moment on n'entre dans les clichés du genre.

- Les deux Narcisse contemplaient leurs charmes et leur talent dans mon regard admiratif... je n'étais rien d'autre qu'un faire-valoir, au final. Et quand ils en ont eu assez, ils ont brisé le miroir.

Bien que j'ai réussi à deviner une partie de la chute, cela n'enlève en rien le plaisir prit durant la lecture et les qualités littéraires indiscutables dont fait preuve le récit. Si certains pensaient encore que le thriller est un sous-genre de la littérature alors lisez Echo et on verra bien si vous ne changez pas d'avis.