mardi 29 novembre 2011

Demain j'arrête !

Demain j'arrête ! est le nouveau roman de Gilles Legardinier aux éditions Fleuve Noir.

Présentation de l'éditeur :
Et vous, quel est le truc le plus idiot que vous ayez fait de votre vie ?
Comme tout le monde, Julie a fait beaucoup de trucs stupides. Elle pourrait raconter la fois ou elle a enfilé un pull en dévalant des escaliers, celle ou elle a tenté de réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents, ou encore son obsession pour le nouveau voisin qu'elle n'a pourtant jamais vu – obsession qui lui a valu de se coincer la main dans sa boîte aux lettres en espionnant un mystérieux courrier...
Mais tout cela n'est rien, absolument rien, à côté des choses insensées qu'elle va tenter pour approcher cet homme dont elle veut désormais percer le secret. Poussée par une inventivité débridée, à la fois intriguée et attirée par cet inconnu à côté duquel elle vit mais dont elle ignore tout, Julie va prendre des risques toujours plus délirants, jusqu'à pouvoir enfin trouver la réponse à cette question qui révèle tellement : pour qui avons-nous fait le truc le plus idiot de notre vie ?

Délaissant le temps d'un roman le monde du polar pur pour se concentrer sur une histoire légère et amusante, Gilles Legardinier surprend sur plusieurs plans. Le changement radical des genres étonne et l'auteur est loin d'être maladroit. Mais le véritable point stupéfiant est cette faculté de se transposer dans le corps d'une jeune femme qui n'a pourtant rien de bien masculin.
Récit à la première personne, Demain j'arrête ! ressemble aux mémoires d'une jeune fille façon "miss catastrophe" qu'on a tous déjà rencontré au moins une fois dans notre vie. On suit Julie qui accumule gaffes et situations embarrassantes. Elle aurait pu être une sorte de caricature de la jeune célibataire maladroite (une Bridget Jones à la française) mais on se reconnait tous en elle sur différents aspects...

Sur la base d'un journal intime qui m'a un peu rappelé les aventures de Georgia Nicolson, l'histoire de Julie confesse une période de sa vie importante pour elle ; sa rencontre avec son mystérieux voisin, M. Patatras. Cette fameuse rencontre va l'amener à réaliser de nombreuses maladresses qui font sourire, voire même parfois rire. Le roman se lit vraiment très bien et très vite tant on est pris par l'histoire et conquis par les personnages.
Virage littéraire pour l'auteur mais nouvelle réussite. Demain j'arrête ! est une bouffée d'air frais, un roman qui donne le sourire. Et contrairement à ce qu'on peut imaginer, ce n'est pas un roman réservé à la gente féminine ! A découvrir.

dimanche 20 novembre 2011

Vilaine Fille

Vilaine fille est le premier roman d'Olivier Bonnard, chroniqueur des mœurs hollywoodiennes pour le Nouvel Observateur.

Présentation de l'éditeur :
Hollywood tremble. Dans une villa huppée, quatre personnes ont été retrouvées mortes. Parmi les victimes, une jeune femme atrocement mutilée : Heather Burns, starlette ravissante et épouse de Jason Fox, la mégastar du cinéma d’action.
Pendant que la police patauge, entre fausses pistes et vrais mythomanes, Seth Banner, détective privé mal léché, s’interroge : pourquoi s’est-on acharné sur Heather Burns ? Et si elle avait été punie ? En parallèle, Martin Kaufman, jeune journaliste de cinéma, mène sa propre enquête. Une actrice qui se pétrifie en pleine interview ; des films aux images toxiques ; un cinéaste maudit disparu dans des circonstances mystérieuses…
Chacun de son côté, les deux hommes rassemblent les pièces d’un puzzle vertigineux. Et ne tardent pas à comprendre qu’il y a quelque chose de pourri au royaume des anges…

Petite virée dans le monde fantastique et irréel d'Hollywood.Olivier Bonnard nous entraine dans les coulisses de l'empire du cinéma. Et bien que pour beaucoup ce petit monde représente l'eldorado tant rêvé, l'envers (ou l'enfer comme le signale l'éditeur sur la couverture) du décor se révèle bien moins idyllique.
Lavage de cerveaux, crimes organisés ... mais le pire dans tout cela c'est qu'il en ressort une impression de réel qui tétanise. D'un point de vue personnel, certains personnages et séquences m'ont rappelé la vie manipulée de Tom Cruise par la Scientologie.

Comme tant d'autres avant elle, elle a été attirée par la lumière et, comme tant d'autres avant elle, elle s'y est brûlé les ailes.

L'auteur maitrise le rythme et le suspense plutôt bien. Malgré quelques passages légèrement creux dus à une tension très accrue en début de roman, le tout reste entrainant et notamment le dernier tiers du roman.
Olivier Bonnard cite énormément de références cinématographiques et pour rester dans le même concept, je dirais que Vilaine Fille a des allures plus ou moins proches de Suicide Club, Vidéodrome ou encore Invasion Los Angeles. Se posant en véritable Cronenberg du polar, l'auteur a réussi un polar sur un sujet qu'il maitrise à la perfection et qui peut toucher une large population de lecteurs.

A la différence des films habituellement sortis de l'usine hollywoodienne, la fin, bien qu'un peu rapide, étonne et ne suit pas les codes propres à cette culture. Original donc et fort en intensité, Vilaine fille ne manquera pas de vous surprendre.

Mais une question me hante depuis ... Où s'arrête la fiction et où commence la réalité ?

dimanche 13 novembre 2011

La frontière des ténèbres

La frontière des ténèbres est le nouveau roman de Jean-Luc Bizien et le deuxième tome de sa trilogie des Ténèbres après le fabuleux L'évangile des ténèbres.

Présentation de l'éditeur :
En répondant à l'appel de son mystérieux homologue coréen, l'ex-grand reporter Seth Ballahan croit s'offrir un séjour d'agrément.
Hélas, sitôt arrivé à Séoul avec sa femme et sa fille, il sera confronté à un double homicide. Des meurtres impossibles, perpétrés dans un village-pilote, entièrement géré par l'électronique et la vidéo. Qui a frappé derrière les murailles du village ? Qui a pu s'introduire dans cet Eden de façade, ce nirvana sécuritaire ? Quel monstre est assez puissant pour se jouer des caméras, des gardiens et du système de surveillance ? Ballahan devra, pour le savoir, réunir toutes les pièces d'un puzzle effrayant...
Et faire équipe, pour l'occasion, avec un homme revenu d'entre les morts. Ange ou démon, parce qu'il est rescapé de l'Enfer, cet homme est le seul capable de défier les autorités de Corée du Nord. Sous les yeux de Seth, il franchira la terrible frontière du pays le plus fermé du monde, dans le seul but de libérer une femme et un enfant. Ballahan, impuissant, devra de son côté jouer une véritable partie d'échecs avec la mort, au terme de laquelle se dévoilera une autre vérité, plus terrible encore.
Car si la frontière séparant Nord et Sud est bien visible, les ténèbres s'étendent des deux côtés... 

Retour détonnant en Corée du sud pour Seth Ballahan appelé par un vieil ami coréen présent dans le précédent tome. L'ex reporter américain qui a déjà connu l'enfer en Corée du nord a décidé d'accepter l'invitation du coréen pour enquêter sur un double meurtre dans un village hors du commun. Un village où tout est sous contrôle, où chacun de ses habitants est pisté par une puce intégrée dans leur peau.
Quel rapport avec la Corée du nord ? Des circonstances non attendues par Seth vont devoir pousser leur enquête de l'autre côté de la frontière ; cette fameuse frontière des ténèbres.
Mais l'ex reporter n'est pas venu seul au pays du matin calme. Accompagné de sa femme et de sa fille adoptive, Seth devra protéger les siens tout en honorant ses accords ... Tout cela semble bien compliqué.

Il voulait s'emplir de ce feu divin, sentir sa douce brûlure, lui offrir son visage...

Ce deuxième tome n'a rien à envier au premier. Conté d'une sublime façon, le roman ne ressemble en rien à une transition entre deux chapitres de la trilogie. Il est une histoire à part, bien entendu relié par plusieurs points à L'évangile des ténèbres.
La traversée de la Corée du nord est réellement angoissante et on vit l'aventure la peur au ventre à côté des protagonistes. On pourra regretter le manque de précision, de temps passé sur l'enquête initiale mais c'est pour mieux rebondir finalement sur une expédition façon Jason Bourne.
Au programme donc, beaucoup de suspense, de l'action, des rebondissements, de la peur, de la joie et tout cela servi par une écriture toujours aussi délicieuse et propre à son auteur. La frontière des ténèbres confirme une trilogie qui s'annonce grandiose !

C'est ce monde-là que tu veux pour ta femme et ton fils ?

l'autre LIVRE

Rendez-vous la semaine prochaine pour le 9e salon international des éditeurs indépendants. Le monde arabe est à l'honneur cette année !

L'adresse : Espace des Blancs Manteaux - 48 rue Vieille du Temple - 75004 Paris (M° Hôtel de ville)

Extrait du communiqué de presse :
Débats. Un grand débat sera organisé samedi après-midi autour des révolutions arabes en présence de Samir Amin, économiste franco-égyptien, théoricien principal de l’anti-, puis l’alter-, mondialisme.
Lecteurs et professionnels du livre se rassembleront dimanche autour de journalistes spécialistes du monde de l’édition pour échanger sur l’évolution de la poésie arabe contemporaine.

Expositions. Deux expositions de photographies organisées avec la librairie Envie de lire seront librement accessibles durant toute la durée du salon autour de la Palestine et des Sahraouis avec les photos de Rogerio Ferrari (tirées du livre Sahraouis paru aux éditions Le passager clandestin) en présence d’Ali Omar Yara, docteur en sociologie des conflits, et cofondateur de la Revue de l’Ouest saharien.

Animations. Ateliers, lecture par des comédiens, jeux autour du livre, rencontres, dédicaces…seront proposés par les éditeurs dans des espaces dédiés.

L’autre LIVRE organise le salon qui permet à 5000 lecteurs de découvrir, sur 1 000 m² au coeur de Paris, les livres de 150 éditeurs français ou étrangers dont la production originale contribue activement à la « bibliodiversité ». Un annuaire détaillé des maisons présentes sera distribué avec un badge pour la défense de l’édition.

Et pour les amateurs de romans noir, voici le programme spécifique à Kyklos Editions (stand A37) :

Dimanche novembre de 15h à 17h : Débat animé par Thomas Bauduret - 15h-16h : L'écrivain et son engagement moral et culturel au XXIe siècle avec Olivier Gérard "Te retourne pas, Handala !" et John C. Patrick "Le crépuscule des hyènes" suivi d'une séance de dédicaces de 16h à 17h

samedi 5 novembre 2011

Code Salamandre

Code Salamandre est le nouveau roman de Samuel Delage (voir sa page officielle sur Facebook).

Présentation de l'éditeur :
Yvan Sauvage, expert en art et commissaire-priseur, met fortuitement la main sur un itinéraire crypté conduisant à un dépôt royal. Il se lance alors en compagnie d’une jeune étudiante en Sorbonne dans la résolution d’une énigme qui leur fera courir les plus grands périls. Un jeu de pistes érudit qui se transforme en périple hallucinant, où l’horreur le dispute au merveilleux.
Lorsque son professeur de l’École du Louvre décède, Yvan Sauvage se retrouve légataire d’un secret prodigieux : le vieil homme était sur le point de déchiffrer un code menant à l’un des trésors les mieux gardés du règne de François Ier. Yvan n’a alors de cesse de résoudre l’énigme. Marion Evans entre dans son jeu, et le duo se lance avec une énergie farouche dans le décryptage des messages codés que recèlent les châteaux, statuaires et monuments édifiés par les architectes de l’époque, dont Léonard de Vinci. Puis ils explorent des itinéraires dont la cartographie occulte et étonnamment précise de la Renaissance a fixé le tracé.
Tout à leur quête, les deux jeunes gens sont inconscients du danger qui les guette, tandis qu’un homme épie leurs moindres faits et gestes sous les ordres d’un mystérieux commanditaire. La recherche érudite et la résolution du code Salamandre pourraient bien déclencher une traque sanguinaire…

Dans la veine d'un Da Vinci Code, Code Salamandre se distingue dans le monde du roman policier comme étant un polar historique. Malheureusement, comme le best-seller de Dan Brown, le récit souffre du choix de l'auteur de vouloir absolument donner de l'action à son aventure. L'ajout d'action grignote petit à petit les détails historiques pourtant riches et le réalisme des personnages. Ceux-ci sonnent d'ailleurs creux. Stéréotypés au possible, ils n'en deviennent que plus énervants au fil des pages.

Malgré un style bien tourné et un vocabulaire riche, je ne suis pas arrivé à entrer pleinement dans l'histoire. En plus des personnages parfois agaçants, les situations sont bien souvent attendues et on se demande alors si l'auteur a bien orienté son récit. La chasse au trésor est excellente en elle-même, Samuel Delage a usé d'une documentation riche et pointilleuse pour notre plus grand bonheur. Malheureusement, je me répète mais l'atmosphère autour de cette intrigue est entachée par la volonté de produire coûte que coûte un thriller.
Dommage pour moi mais je suis certain que ce roman trouvera un large lectorat.

vendredi 4 novembre 2011

La Géométrie du tueur

La Géométrie du tueur est le nouveau roman de Laura Sadowski, avocate de profession et déjà l'auteure de trois autres romans policiers.

Présentation de l'éditeur :
Voilà deux ans que la fille unique de Mathis Clay’h, avocat, a disparu une nuit sans laisser de traces. Depuis, divorcé, dépressif et insomniaque, il tente de surmonter sa douleur en assurant des permanences pénales qui le font errer des parloirs des commissariats aux couloirs des tribunaux.
L’apparition soudaine d’un tueur en série et maître chanteur, dont le procès est imminent, va le plonger dans un effroyable dilemme : réussira-t-il à faire acquitter ce psychopathe criminel pour obtenir la vérité sur la disparition de sa fille ? Et si elle était toujours en vie ?

La Géométrie du tueur est le second roman de l'auteure que je lis après La peur elle-même avec lequel je suis sorti enthousiaste mais pas entièrement conquis. J'attendais de lire un nouveau texte pour me faire une meilleure idée du style de Laura Sadowski. C'est aujourd'hui chose faite et j'en suis ravi.
A l'image de l'auteure, le personnage principal œuvre en tant qu'avocat. Mais espérons que la comparaison entre les deux s'arrête là puisque ce dernier est rongé par de terribles évènements personnels. En effet, sa fille a disparu. A t-elle fugué ? Est-elle aux prises d'un tueur en série ? Est-elle victime d'un accident ? Aucun indice, pas le moindre soupçon à se mettre sous la dent.

A ce mystère viennent s'ajouter deux autres intrigues. Mais heureusement l'auteure ne s’emmêle pas les pinceaux et arrive à avancer dans chacune d'entre elle sans jamais perdre son lecteur. On aurait apprécié que certaines soient plus détaillées mais on imagine fortement que cette histoire donnera une suite.
Mathis est commis d'office pour la défense d'un jeune roumain accusé d'avoir volé une voiture de luxe. On aurait pu tomber dans l'horrible cliché de l'étranger voleur mais l'accusateur s'avère être un proche du jeune homme. Membre d'une famille riche, celui qui a porté plainte n'est rien d'autre que l'employeur de la mère du roumain avec qui il a grandi durant toute son enfance. Quelle nouvelle énigme se cache derrière cette accusation ?
Cela ne tient qu'à moi mais j'ai eu l'impression d'une forte influence télévisuelle. Notamment concernant la série Dirty Sexy Money dont les personnages s'apparentent considérablement à ceux du roman. Si c'est le cas, ce n'est pas un mal, bien au contraire car la série est riche en rebondissement.

Comme si cela ne suffisait pas, Mathis se doit de défendre celui qui est accusé d'être le Guetteur, un tueur en série plutôt doué en géométrie. Ses scènes de crime sont effroyables et son assurance n'en est que plus troublante. La force du récit se retrouve dans cette enquête. Laura Sadowski décrit à la perfection et avec beaucoup de précision le procès de ce personnage en rendant les scènes très vivantes et donc très prenantes.

La narration est excellente, elle nous tient en haleine du début jusqu'à la fin sans se perdre dans des détails insignifiants. La présence de la femme flic au caractère plutôt rude donne un petit goût de polar à l'ancienne qui n'est pas désagréable.
Il ne tient plus qu'à l'auteure de continuer à faire vivre ses personnages, comme elle l'a si bien fait avec La Géométrie du tueur, pour continuer à nous faire vibrer. On reste sur notre faim mais on a déjà soif de nouvelles aventures. Un très bon roman !