samedi 28 octobre 2017

Manuel d'exil

Manuel d'exil - comment réussir son exil en trente-cinq leçons - est un ouvrage autobiographique de l'auteur bosnien Velibor Colic. L'ouvrage a été édité par Gallimard en mai 2016.

Présentation de l'éditeur :
«Fraîchement restauré, le foyer de demandeurs d’asile à Rennes me fait penser à mon lycée. Une grande porte vitrée, d’interminables couloirs, sauf qu’ici au lieu des salles de classe on a des chambres pour les réfugiés. Dans le hall central il y a une carte du monde avec les petits drapeaux du pays des résidents. La misère du monde s’est donné rendez-vous à Rennes en cette fin d’été 1992. 
Je suis accueilli par une dame aux énormes lunettes. Elle parle doucement en me regardant droit dans les yeux. Je saisis que je vais avoir une chambre simple, pour célibataire, que la salle de bains et la cuisine sont communes et que j’ai droit à un cours de français pour adultes analphabètes trois jours par semaine. 
Je suis un peu vexé : 
– I have BAC plus five, I am a writer, novelist… 
– Aucune importance mon petit, répond la dame. Ici tu commences une nouvelle vie…» 
Après avoir déserté l’armée bosniaque, le narrateur se retrouve sans argent ni amis, ne parlant pas le français, dans un foyer pour réfugiés. Dans une langue poétique, pleine de fantaisie et d'humour, Velibor Čolić aborde un sujet d’une grande actualité et décrit sans apitoiement la condition des réfugiés, avec une ironie féroce et tendre.

C'est avec beaucoup d'humour et une plume très agréable pour l’œil de son lecteur que l'auteur a écrit son nouvel ouvrage ; une oeuvre autobiographique d'un homme qui a fuit les guerres de Yougoslavie alors qu'il était un soldat espérant ne jamais toucher l'ennemi de son armée. C'est en France qu'il réussit à se réfugier après avoir déserté, s'être fait prisonnier et, finalement, s'être s'échapper.

L'auteur raconte comment il a vécu ses premières années en France, loin de son pays, de sa famille et de sa langue. Ne parlant pas le français, mais amoureux des plus grands poètes français, il va chercher à tout prix à apprendre notre langue. Mais les cours donnés pour les réfugiés ne sont pas vraiment ce qu'il attendait ... cela donne d'ailleurs quelques sketchs bien drôles. Et l'humour, l'auteur n'en manque pas. Même lorsqu'il semble dépressif, au bout du rouleau, ne pouvant s'accrocher à rien d'autre qu'une bouteille d'alcool, il temporise ses mots.

J'ai beaucoup aimé ce témoignage. C'est très intéressant, très intriguant aussi car on se demande comment l'auteur va s'en sortir, comme les milliers d'autres réfugiés d'ailleurs ... Le pouvoir de la plume a encore une fois été plus forte que le fusil.
Cette autobiographie était indispensable pour compléter l'ensemble de sa biographie. Elle vient apporter des preuves et confirmer que ses précédents romans ne sont pas si fictifs que cela peut en avoir l'air. Ravi d'avoir encore lu Velibor Colic et j'espère continuer à le lire pendant des années encore !

vendredi 20 octobre 2017

Consumés

Consumés est un roman de l'excellent cinéaste David Cronenberg publié aux éditions Gallimard en Janvier 2016.

Présentation de l'éditeur :
Naomi Seberg et Nathan Math œuvrent avec succès dans le photojournalisme à sensation de l’ère des nouveaux médias. À la fois amants et concurrents professionnels, ils arpentent le globe séparément, ne se croisent que dans des hôtels d’aéroports ou n’ont de rapports que par Internet, et sont toujours à la recherche d’histoires spectaculaires – si possible sordides. 
Celle de Célestine et Aristide Arosteguy, anciens professeurs de philosophie à la Sorbonne et couple libertin, a tout pour attirer Naomi. Célestine a en effet été retrouvée morte, mutilée, dans son appartement parisien. La police suspecte son mari, qui a disparu, de l’avoir assassinée et d’avoir mangé des parties de son corps. Avec l’aide d’Hervé Blomqvist, un étudiant singulier, elle se lance sur les traces d’Aristide, qui la mènent jusqu’à Tokyo. 
De son côté, Nathan se trouve à Budapest pour photographier le travail d’un chirurgien controversé, Zoltán Molnár, qui a été recherché par Interpol pour trafic d’organes et pratique désormais des interventions illégales. En couchant avec l’une des patientes de Molnár, Nathan contracte l’étrange «maladie de Roiphe», que l’on croyait disparue. Il s’envole alors pour Toronto, bien décidé à rencontrer le médecin qui a identifié ce mystérieux syndrome… 
Ces histoires parallèles finissent par se croiser dans une intrigue hallucinée mêlant la technologie et le corps, l’impression 3D et la philosophie, le festival de Cannes et le cannibalisme, la mort et le sexe sous toutes ses formes (fétichisme, voyeurisme, échangisme…).

Lorsque à la bibliothèque de ma petite ville mes yeux se sont tournés vers ce roman et ont lu le nom de David Cronenberg, je me suis immédiatement jeté sur l'ouvrage pour le rapporter chez moi, fier d'avoir trouvé un livre qui, je pensais, aller enflammer mon imagination.
Le réalisateur talentueux de Crash, Vidéodrome, eXistenZ, ou encore Chromosome 3, Le festin nu, Spider (coup de cœur) et autres History of violence a sorti ses tripes une nouvelle fois et les a collé sur les quelques centaines de pages de son roman.

Oui, Cronenberg a fait du Cronenberg. Il parle de déviance sous différentes formes avec beaucoup de facilité et sans complexe. Il dissèque à nouveau le corps humain pour en faire des morceaux de plaisir et rendre cela philosophique voire même poétique parfois.
Le roman est à la fois beau et dérangeant. On apprécie assez rapidement les personnages, on appréhende beaucoup pour eux, Naomi et Nathan, tant on se demande dans quel guet-apens ils se sont jetés. Chacun des deux journalistes va rencontrer un personnage totalement flippant entouré de mystères. Ils vont se prêter au jeu et rentrer dans leur intimité pour y voir plus clair, tenter de comprendre, par exemple, comment le cannibalisme peut se mêler à l'amour, la passion.

Mais les phrases deviennent de plus en plus lourdes et l'action ne décolle jamais. Le suspense n'est pas vraiment le principal moteur. Pourtant, lors de la première moitié du roman, on accroche facilement, on lui fait confiance pour nous en mettre plein la vue, nous choquer, nous atteindre au plus profond de nous.
Mais non, la seconde moitié n'a pas pris chez moi et c'est bien dommage car tout annonçait une grande lecture. Je n'ai pas réussi à rester accrocher à l'histoire et à ses personnages. Je me suis finalement ennuyé ... Allez, je vais me rattraper en me regardant Les promesses de l'ombre.